« Pour moi, les quartiers innovants de demain adopteront, comme Metzeschmelz, une approche circulaire de gestion des ressources et un comportement exemplaire en matière de durabilité ». Ainsi s’exprime Alexandre Londot, directeur des opérations chez AGORA, résumant une pensée partagée par ses collaborateurs Yves Biwer, directeur-coordinateur du projet Metzeschmelz, et Jean-Philippe Lemaire, fondateur de IDES Engineering. D’une friche industrielle désertée jusqu’à un quartier mixte à impact environnemental minimal, le chemin est pavé de grandes innovations.

Une boucle vertueuse de mixité, circularité et patrimoine
Tentons un exercice de synthèse. On pourrait résumer le caractère innovant du futur Quartier Metzeschmelz en trois grands critères de durabilité. D’abord, le quartier se dessine à partir de ses bases patrimoniales, configurant de nouvelles affectations à des éléments de l’ancien site industriel. Puis, Metzeschmelz se conçoit selon un principe de « mixité fonctionnelle », pour regrouper sur un même site urbain tous les besoins et réduire les déplacements motorisés. Finalement, le quartier s’appuie sur un innovant système de gestion circulaire des ressources, promettant de réutiliser au maximum l’eau et l’énergie.

« Pour moi, un quartier innovant de notre époque se doit d’avoir l’impact environnemental le plus faible possible, grâce à une utilisation rationnelle de ses ressources, réfléchit Yves Biwer, directeur-coordinateur du projet Metzeschmelz. Ça touche à tous les aspects de l’aménagement urbain et de la vie de quartier. »
Un passé industriel à célébrer
Rares sont les friches industrielles comme celle-ci, où s’érigeait jadis l’aciérie d’Esch-Schifflange, à être transformées tout en conservant autant de traces du passé. Le projet Metzeschmelz, à l’image du quartier voisin de Belval, fait de la valorisation des structures patrimoniales une priorité. Ici l’approche n’est pas muséale. Loin de là. Il s’agit plutôt donner une nouvelle vie aux anciennes usines, de les métamorphoser et de les revaloriser pour garantir leur exploitation future.

« Pour moi, revitaliser le patrimoine industriel est non seulement un geste fort pour l’identité du quartier, mais c’est aussi une pratique innovante dans la mesure où elle réduit l’usage de nouveaux matériaux et l’empreinte carbone du site, résume Alexandre Londot, directeur des opérations. Cela invite aussi les architectes à faire preuve de créativité et pousse l’équipe d’AGORA à développer des concepts novateurs pour attirer des repreneurs. »
Des ressources en cycles infinis
Symbiosis. C’est le nom donné par AGORA au concept de « quartier circulaire à tous niveaux » élaboré pour Metzeschmelz. De l’approvisionnement énergétique à la distribution de l’eau et la gestion des déchets, toutes les ressources sont mises en réseaux intelligents pour créer un quartier dans lequel, par exemple, l’eau de pluie est récupérée et traitée pour être réutilisée dans les cuvettes des toilettes, ou dans lequel les déchets deviennent matériaux pour créer de la biomasse, qui, à son tour, est source d’énergie.

« Pour moi, ce qui est innovant dans ce concept, c’est d’avoir osé considérer chaque élément dans une logique d’interconnectivité, explique Jean-Philippe Lemaire, ingénieur civil et fondateur de IDES Engineering. C’est le fruit d’une nouvelle sensibilité, imposée par les changements climatiques, lesquels nous incitent à repenser nos usages pour les rapprocher du fonctionnement de la nature, où tous ces éléments sont interconnectés. »
Des critères exigeants de durabilité
Notre époque de transition écologique pousse les gouvernements à instaurer de nouvelles lois et règlements visant à protéger l’environnement. Certains y voient des contraintes paralysantes. En réalité, elles sont souvent propices à l’innovation !
« Pour moi, le contexte actuel a été un moteur, qui nous a poussés à l’audace, raconte Jean-Philippe Lemaire. En plus du cadre luxembourgeois, on s’est intéressés aux lois des pays voisins, aux critères de durabilité de l’ONU, aux recommandations des rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), puis on a fait un travail de veille technologique et compilé les meilleures pratiques partout en Europe, pour nous inspirer et pour tenter de faire aussi bien, même mieux ! »
La mixité fonctionnelle, ingrédient d’un quartier attractif
Terminée l’époque où les grandes villes se divisaient en quartiers à fonction unique : d’un côté l’industriel, de l’autre le commercial, plus loin le monde des affaires et le résidentiel. L’innovation, c’est de refuser ces cloisons du passé pour inventer des quartiers aux fonctions mixtes, où il fait bon vivre et où l’on combine vie professionnelle, fréquentation de commerces, vie culturelle et logement. Les quartiers ainsi conçus sont plus vivants et plus attractifs.
« Pour moi, de tels quartiers non seulement répondent à tous les besoins des résidents, mais ils invitent aussi à réduire l’utilisation de sa voiture personnelle ou de tout autre véhicule individuel motorisé, ce qui est l’une des manières les plus efficaces de réduire l’empreinte carbone des villes », souligne Yves Biwer.
On le voit bien : l’exemple de Metzeschmelz ouvre la voie à d’autres expérimentations, où les principes de circularité et de mixité pourraient se conjuguer avec des technologies émergentes et des approches communautaires novatrices. Un véritable laboratoire d’avenir.
