« Pour moi, il est essentiel de prendre en compte la parole des jeunes qui rêvent à une démultiplication d’espaces publics pensés pour eux dans le futur Quartier Metzeschmelz ». Ce sont les mots de l’urbaniste d’AGORA Zahira Malyani, se faisant porte-voix d’une jeunesse exprimant passionnément sa vision du quartier lors de différentes consultations. Son collègue Yves Biwer, directeur-coordinateur du projet Metzeschmelz, constate aussi un foisonnement d’idées chez la jeunesse au sujet de l’espace public et de la vie sportive. Tour d’horizon.
Jeunes d’aujourd’hui à demain
Développer un quartier, c’est certes orchestrer les fonctions de logement, de vie commerciale, de vie institutionnelle, de mobilité, de divertissement et de culture. Mais, au-delà de ces piliers de la vie adulte, comment planifier un quartier qui intègre pleinement et dès maintenant les besoins de ceux qui en seront les futurs usagers ? « Pour moi, la jeunesse est souvent peu consultée, mais elle est une clé de l’évolution du quartier », partage Zahira Malyani, urbaniste chef de projet au sein de l’équipe AGORA. « Les jeunes sont les futurs acquéreurs, les futurs professionnels actifs et étudiants du quartier, les futurs parents… connaître leurs besoins actuels est de la première importance pour imaginer un quartier dans lequel chacun trouve sa place. »
« Pour moi, un quartier urbain répondant aux impératifs de notre époque doit vraiment être co-créé avec tous ses futurs usagers », ajoute Yves Biwer, directeur-coordinateur du projet Metzeschmelz. « Récolter la vision des plus jeunes est un défi. À nous de varier nos approches pour aller les chercher là où ils se trouvent. Nous l’avons fait notamment par l’entremise d’ateliers avec des enfants de 0 à 6 ans dans le cadre du projet PIPPILOTTA avec UP_FOUNDATION, qui invite les tout-petits à façonner un village. »
L’art de valoriser les idées des jeunes
Le projet PIPPILOTTA est une des nombreuses initiatives de concertation auprès de la jeunesse luxembourgeoise. « Pour moi, c’est fascinant de constater que les jeunes se montrent tout à fait passionnés par les thématiques de développement urbain, lorsque consultés de façon créative », s’enthousiasme Yves Biwer.
Pour les sonder et les engager dans la réflexion, AGORA privilégie par exemple des visites guidées du quartier en reconversion, où les jeunes de différents groupes d’âge peuvent se projeter et visualiser le futur site urbain. Des ateliers immersifs avec différents experts (architectes, urbanistes) sont aussi organisés.
Les 12-18 ans sont aussi invités à participer activement à la conversation en ligne sur la plateforme de participation citoyenne de Metzeschmelz. « Pour moi, ce qui fonctionne avec les jeunes est une combinaison bien dosée de consultations virtuelles et d’expériences concrètes avec eux », explique Yves Biwer. « Notre meilleure manière de communiquer avec la jeunesse est d’abord sur les réseaux virtuels où ils sont actifs, mais, à partir de là, on tente de les réunir en personne pour avoir une meilleure qualité d’échange. »
Un espace urbain « rajeuni » et libre
Et de quoi rêve la jeunesse pour le futur quartier ? À une démultiplication des espaces publics ! « Pour moi, il est clair qu’un consensus se dégage de toutes nos consultations et c’est que l’espace urbain ne doit pas être trop privatisé. Il y a un besoin d’occuper la ville et de la rendre vivante sur des places en plein air », résume Zahira Malyani.
L’urbaniste chef de projet cite en vrac les propos d’enfants et d’adolescents consultés lors du « Forum des Jeunes » le 5 juillet 2024, ainsi que les mots d’une jeunesse contribuant en ligne à la plateforme de participation.
1. « Pour moi, il est important que le quartier dispose de places publiques que, nous, les jeunes pourront nous approprier, où il y aura une certaine liberté, une possibilité de modeler à notre image.»
2. «Pour moi, les espaces naturels en ville sont importants. Un quartier où il fait bon vivre est rempli de parcs où aller profiter de la verdure.»
3. «Pour moi, il y a souvent trop peu d’espaces publics permettant les rassemblements spontanés, en dehors des activités culturelles organisées. J’aimerais des lieux où passer du temps dans la ville sans qu’il y ait nécessairement de cadre, seulement des espaces ouverts où se réunir et faire du bruit sans déranger les voisins à proximité.»
Du sport dans la ville s’il-vous-plaît
En 2024, la jeunesse est peut-être plus sportive que jamais ! Du moins si l’on en croit les jeunes consultés par AGORA, qui s’enquièrent beaucoup des futures installations sportives du quartier. Un centre sportif sera-t-il accessible à tous ? Y aura-t-il une piscine ? Un terrain de basket ? Quels autres équipements sportifs sont envisagés ? Autant de questions posées aux concepteurs du Quartier Metzeschmelz par différents groupes de jeunes, lesquelles témoignent de leur appétence pour l’activité physique.
« Pour moi, cet intérêt des jeunes pour le sport a été une belle découverte et elle nous incite à envisager le développement d’une place publique entièrement dédiée à la jeunesse, avec des terrains de sport et des espaces naturels », indique Yves Biwer.
Quoi d’autre ? Au-delà des considérations touchant directement à leurs intérêts actuels, les jeunes interrogés lors de diverses consultations ont aussi montré un vif intérêt pour les différentes formes de logement à implanter sur le site. Ils se soucient également de voir se développer dans le quartier une effervescente vie commerciale. Leur perspective est à la fois ancrée dans l’ici-maintenant et portée sur les besoins de leur future vie adulte, a constaté AGORA.
Une vision qui conjugue aujourd’hui et demain. Exactement à l’image de la mission que poursuit AGORA : développer dès aujourd’hui les quartiers urbains du futur.